avant-propos

Les rivières chinoises embrumées, les égarés nocturnes d' Antoine Watteau en habit de Pierrot, les étangs de fleurs et de nuages de Claude Monet, les femmes en pleurs de Pablo Picasso, les cargos noirs de Raoul Dufy, les pivoines géantes de Cy Twombly m'hypnotisent. La beauté est un mystère, et un désir. Et la peinture est une magie, depuis les mains noires et ocres laissées sur les murs de la préhistoire. La vitalité du geste du peintre, la force de sa rêverie insufflent dans son oeuvre quelque chose de vivant, qui lui donne les pouvoirs d'un sortilège. Je désire cette beauté et ce mystère, comme des feux lointains. Je chemine aveuglément sans les atteindre. Ce voyage c'est toute mon envie et mon plaisir de peindre.

"La sente étroite du bout du monde" (Bashô), 1/20; 2024 (80 x 50)

foreword

The foggy Chinese rivers, Watteau's nocturnal wanderings in Pierrot habit, Monet's ponds of flowers and clouds, Picasso's crying women, Dufy's black cargo ships, Twombly's giant roses hypnotize me. Beauty is a mystery, and a desire. And painting is a magic, since the black and ocher hands left on the walls of prehistory. The vitality of the painter's gesture, the strength of his reverie infuse into his work something alive, which gives him the powers of a spell. I desire this beauty and this mystery, like fires far away. I walk blindly without reaching them. This trip is all my desire and my pleasure to paint.

22

Ci-dessus une image de la série "la sente étroite du bout du monde", d'après le récit de voyage du poète Bashô dans le Japon du 17e siècle. Je me suis laissé aller à partir de ses mots -j'en ai gardé une centaine- plus que de ses phrases: vent, pluie, pin, nuit, herbe, larmes, etc. Il y en aujourd'hui vingt, mais je désire en composer cinquante, comme le nombre de chapitres que ce texte contient, et dont chacun a son ambiance, sa couleur. Les deux colophons (je me plais à les appeler comme ça pour travailler mais je sais que je fais là un usage très abusif du mot- il a un côté chinois qui me va), reprennent l'ambiance et un des caractères esthétiques de la composition.

22

Above, an image from the series “the narrow path to the end of the world”, based on the travelogue of the poet Bashô in 17th century Japan. I let myself dream on his words - I kept a hundred of them - more than on his sentences: wind, rain, pine, night, grass, tears, etc. Today there are twenty, but I want to compose fifty, like the number of chapters that this text contains, each of which has its own atmosphere, its color. The two colophons (I like to call them that when working but I know that I am making a very abusive use of the word - it has a Chinese side which please me), take up the atmosphere and one of the aesthetic characteristics of the composition .

"incassum lesbia..." leporello (200 x 50), 2023

posture chinoise, 1/10, 2022 (50X65)

20

Hypothèse: Amant des flots marins auxquels je me jette l’été venu, il m’a paru que je m’y jetais comme je me jette aux forêts. Y réfléchissant plus tard, j’ai pensé que la mer et la forêt sont, pour moi, deux entités féminines. Entrant dans la mer et dans la forêt, disparaissant en elles, je sais y trouver toutes les "Nourritures Terrestres", et célestes; je sais qu’elles m’embrasseront de toutes leurs branches, de tout leur feuillage, de toutes leurs vagues, qu’elles me berceront de toute leur indulgente tiédeur, cependant qu' aucun n’arbre n’apparaît distinctement caractérisé : il n'est que ramure, il n'est que que feuillages, il n'est qu'entremêlé à d'autres ramures, d'autres feuillages, et cela forme une mer végétale, océan infini. L’ imaginaire de l’arbre, la rêverie autour de l'arbre, me paraissent, à la réflexion, est-ce étrange, à l' opposé de la rêverie que suscite la forêt. Cet aspect me semble indiquer une approche possible de mon travail.

Baptême (100x100), 2023

20

hypothesis: As a lover of the sea waves I throw myself into when summer comes, it seemed to me that I gave myself to them as I give myself to the forests. Thinking about it later, I thought that the sea and the forest are for me two highly feminine entities. Entering the sea and the forest, disappearing in their delicious fur, I know how to find there all the "Terrestrial" and celestial Foods; I know that they will embrace me with all their branches, with all their foliage, with all their waves, that they will rock me with all their indulgent warmth, while no tree appears distinctly characterized: it does not is only antlers, only foliage, intermingled with other antlers, other foliage, and which together form a vegetable sea, infinite like an ocean. And the imaginary of the masculine tree seems to me, strangely, the opposite of the imaginary of the feminine forest. This aspect seems to me to indicate a possible approach to my work.

le voyage d 'Orion, 2022 (17x50)

19

Il est un jardin que je fréquente comme un rêve. Des souvenirs de mon enfance y sont cachés. Les sons, les parfums, les décors me rappellent à chaque instant de délicieux plaisirs. Aujourd’hui encore, tout aussi frémissants de charme, ils gravent dans ma mémoire de nouvelles images, peut-être dans d’autres couleurs. L’après-midi y semble plus lent qu’ailleurs. Pourtant cinq heures sonnent enfin à la Cathédrale. Les Ding Dong arrivent comme des bulles de savon paresseuses. Elles éclatent mollement dans les griffes des ifs et se mêlent aux chuchotis des eaux. Ces cloches me rappellent que le temps passe. Je le sais plus que tout dans ce jardin qui est un morceau de mon enfance, mais aussi de mon présent. Les grenouilles aux yeux dorés, crachotant toujours pareil, m’enseignent leur sagesse. Sur les bancs, des gens lisent des livres de la Bibliothèque Municipale. Il n’y a jamais grand monde dans ses allées qui se croisent sans raison et qui ne vont nulle part vraiment. Mais on entend souvent crier des enfants, s'appelant gaiment. Le gravier crisse sous leurs courses folles. Jardin peuplé d’invisibles enfants oubliant l’heure du solfège, ce que j’en retiens quand je suis loin, ce sont ces bruits et le parfum des feuilles de lauriers dans l’ombre des allées. Mais ce rêve ne s'évanouit pas quand je le quitte. Il continue derrière ses murs, dressant son décor pour d’autres fois, pour d’autres visiteurs. Ce jardin est le jardin Dumaine, à Luçon, en Vendée.

19

There is a garden that I frequent like a dream. Memories of my childhood are hidden there. The sounds, the scents, the decorations remind me every moment of delicious pleasures. Even today, equally quivering with charm, they engrave new images in my memory, perhaps in other colors. The afternoon seems slower there than elsewhere. Yet five o'clock finally struck at the Cathedral. The Ding Dong of the bells arrive like lazy soap bubbles. They burst softly in the claws of the yews and mingle with the whispering waters. These bells remind me that time flies. I know it more than anything in this garden which is a piece of my childhood, but also of my present. The golden eyed frogs, spitting always the same, teach me their wisdom. On the benches, people read books from the Municipal Library. There are never many people in its alleys that cross for no reason and that don't really go anywhere. But you can often hear children screaming, calling each other cheerfully. The gravel crunches under their mad races. Garden populated by invisible children forgetting music theory time, what I remember when I am far away are the noises and the scent of bay leaves in the shadows of the alleys. But this dream does not fade when I leave it. It continues behind its walls setting its backdrop for other times, for other visitors.This garden is the Dumaine Garden, in Luçon, in Vendée.

sonate, 2018 (leporello, 15 x 50)

18

Je crois que ce jardin a planté en moi de profondes racines. Profondes comme celles de ses vieux arbres fatigués, sous lesquels je m’arrête, lors de mes visites. Sans doute parce que mes souvenirs d’enfance y sont doux : promenades avec mes parents, mes sœurs, mon frère, et avec eux fêtes de nuit, fêtes des écoles, rencontres avec ces vieilles gens qui nous paraissaient si sages, et plus encore, souvenirs de ces souvenirs qui s’affinent ou s’érodent encore en moi, me laissant au fil du temps un parfum de plus en plus léger mais aussi de plus en plus subtil. Ces souvenirs ont créé en moi un autre Jardin Dumaine, personnel, intime, très sentimental et qui embellit avec le temps. Quand je retrouve le vrai, c’est avec un mélange de plaisir et de surprise, parfois de déception. Néanmoins j’arrive, et c’est déjà un autre plaisir, à faire se superposer les deux jardins, le vrai et le rêvé. J’ai alors l’impression un peu fugitive, instable, de marcher dans un univers à deux facettes, ou à deux dimensions, l’une et l’autre composant une mosaïque de réel et d’irréel, me plongeant moi-même dans un temps à deux dimensions, celle du rêve et celle du présent. J’en sors toujours tout engourdi comme d’un film envoûtant.

Au jardin Dumaine, les animaux topiaires, 2019 (50X65)
I think that this garden has planted deep roots in me. Deep like those of its old, tired trees, under which I stop during my visits. No doubt because my childhood memories are sweet there: walks with my parents, my sisters, my brother, and with them night parties, school parties, meetings with these old people who seemed so wise to us, and more, memories of these memories which are still refined or eroded in me, leaving me over time with a scent that is lighter and lighter but also more and more subtle. These memories created in me another Dumaine Garden, personal, intimate, very sentimental and which becomes more beautiful with time. When I find the real, it is with a mixture of pleasure and surprise, sometimes disappointment. Nevertheless, I manage, and this is already another pleasure, to make the two gardens overlap, the real one and the dreamed one. I then have the somewhat fleeting, unstable impression of walking in a universe with two facets, or two dimensions, one and the other composing a mosaic of the real and the unreal, plunging myself into a time with two dimensions, that of the dream and that of the present. I always come out feeling numb like a haunting film.

amis au bord du "lac". (carte postale "Gaby")

17

Cette nuit j'ai rencontré Monsieur Guimezannes*. Je l'ai reconnu de loin alors qu'il s'installait à la terrasse du restaurant où il déjeune tous les jours, près de St Germain des Prés, dans sa vieille veste à petits pieds de poule. En m'approchant j'ai vu qu'il était une femme aux yeux doux et un peu globuleux, à peu près du même âge. "Elle" m'a reconnu. Je ne fus pas surpris de sa nouvelle identité (pourquoi n'est-on jamais surpris par les invraisemblances qu'on rencontre dans les rêves alors qu'on peut y avoir des raisonnements logiques? Et ne pourrait-on adopter un peu de cette indulgence dans notre vie éveillée?). Nous nous sommes assis mais nous n'avons pas pu parler très longtemps. "Elle m'a dit qu'elle venait toujours ici, trois ou quatre fois par semaine. Un jeune homme à côté regardait des dessins qu'il avait faits dans un carnet, ressemblant à des images de Tintin. Guimezannes et moi nous nous sommes souri. Puis je me suis réveillé. Dommage.

suite noire 1/8,2/8,3/8, 2017 (10X10)

17

Last night I met Monsieur Guimerannes *. I recognized him from a distance while he was settling on the terrace of the restaurant where he had lunch every day, near St Germain des Prés, in his old jacket with little hounds. As I approached, I saw that he was a woman with soft, somewhat globular eyes, about the same age. "She" recognized me. I was not surprised at his new identity (why are we never surprised by the improbabilities we encounter in dreams when we can also have logical reasoning?) And could we not adopt a little of this indulgence in our waking life?). We sat down but could not talk very long. "She" told me that she always came here, three or four times a week. A young man next to him was looking at pictures he had made in a notebook, looking like pictures of Tintin. Guimenannes and I smiled at each other.

Romance paysagère, 2022 (100X100)

16

Ce printemps 2017, je peins des paysages tordus, faits en grande partie avec des bouts de forêt, des bouts de ciel, des morceaux de nuages déchirés comme morceaux de laine s'échappant d'un édredon. Surtout peints pour voir sous mon pinceau s'écraser sur le papier deux ou trois couleurs jetées là au départ, les voir s'entortiller l'une dans l'autre, se combattre laissant autour d'elles naître des espaces où viendront s'accrocher d'autres tracés, d'autres couleurs peut-être. Ce qui me plaît c'est juste la naissance de ces équilibres et de ces forces, de ces mouvements. Pas seulement jeux formels cependant, car j'y mets aussi, exactement en même temps, l'envie, le besoin d'y voir apparaître les échos d'un paysage et d'une aventure. Du bleu avec des traces de noir me parle de vent, ou d'un orage grondant au loin; ça semble se tordre et se retordre, pour se relâcher plus loin, ou plus haut, dans du bleu un peu verdi. je n' arrive à faire "venir" ces images, qu'à condition de me concentrer le plus ou, plutôt, le mieux possible: car cette concentration n'a rien à voir avec la force de la pensée ou de la conscience: c'est même plutôt une sorte d'entêtement à ne pas penser, à n'être que l'action d' une main et d' un œil branchés ensemble et en direct, mais plus ou moins sous contrôle suivant les moments; si j'accède à cet état "de grâce", je vois les choses apparaître avant de les créer, elles semblent d'elles-mêmes réclamer la couleur et la forme: les événements sur le papier s'enchaînent les uns aux autres, s'appellent. Les choses apparaissent presque devant moi, me guident et " m' éblouissent" de leur présence. Au fond de ces images qui me surprennent parfois et qui sont plutôt des paysages, il y a une même rêverie, la forêt, à laquelle je me suis abandonné.

16

I paint twisted landscapes, made in large part with bits of forest, bits of sky, pieces of clouds torn like pieces of wool escaping from an eiderdown. Mainly painted to see under my brush crashing on the paper two or three colors thrown there at the start, to see them twist one inside the other, to fight leaving around them to be born spaces where will come to cling other lines, other colors perhaps. What I like is just the birth of these balances and these forces, these movements. Not only formal games, however, because I also put into it, exactly at the same time, the desire, the need to see the echoes of a landscape and an adventure appear. Blue with traces of black speaks to me of wind, or of a thunderstorm rumbling in the distance; it seems to twist and twist, to relax further, or higher, in a little green blue. I only manage to make these images "come" on condition of concentrating as much or, rather, as best as possible: because this concentration has nothing to do with the force of thought or consciousness: c it is even rather a kind of stubbornness not to think, to be only the action of a hand and an eye connected together and directly, but more or less under control depending on the moment; if I reach this state of "grace", I see things appear before I create them, they seem of themselves to claim color and form: the events on the paper are linked to each other, s 'call. Things almost appear in front of me, guide me and "dazzle" me with their presence. At the bottom of these images which sometimes surprise me and which are more like landscapes, there is the same reverie, the forest, to which I surrendered.

4 petits éventails d'une série de dix

4 petits éventails d'une série de dix
éventail pour une sieste au bord de l'eau, 1/10, 65X40, 2022

éventail pour traverser un rêve, 2/10

éventail pour écouter la mer, 3/10

éventail pour une catastrophe, 4/10

15

J'ai oublié par quel chemin j'en suis arrivé à penser à l'étrange MALACHITE en ce printemps de 2015. Peut-être la simple arabesque que dessina dans une peinture que je faisais la trace d'un pinceau hésitant, où se côtoyaient plusieurs verts, entre clair et sombre. La rêverie autour de, et même dans la forêt me semble pourtant d'une toute autre nature que la rêverie autour du minéral. Mais, si compacte et si peu ouverte soit-elle (et sans cette transparence du diamant où André Pieyre de Mandiargues a introduit une jeune fille nue), la malachite me fait pourtant rêver d'y pénétrer afin d' en suivre les méandres ombragés et d' y découvrir quelques paysages. Ils porteront, je le présume, les caractères du bizarre et du confidentiel. C'est la curiosité pour ce rapprochement que je fais du caillou impénétrable et du paysage poreux qui m'a guidé dans ces quelques peintures, qui m'en a donné le goût, l'envie. Rien d'autre ou presque ne m'a motivé; les menues découvertes que j'y ai faites ensuite, (des couleurs, des formes, des idées, même!) en sont sorties comme les pigeons que nos pas dans les sous bois font s'envoler.

Les Forêts de malachite,1 (Ø50)

15

I forgot how I came to think of the strange malachite in this spring of 2015 .. Maybe the simple arabesque that drew in a painting that I made the trace of a hesitant brush, where rubbed several greens, between light and dark. The reverie around, and even in the forest seems to me of a very different nature than the reverie around the mineral ... But, so compact and so little open it is, (and without the transparency of the diamond where André Pieyre Mandargues had introduced a naked girl), but malachite makes me dream of entering it in order to follow the shaded meanders and to discover some landscapes ... they will carry, I presume, the characters of the bizarre and confidential. It is the curiosity for this connection that I make the impenetrable pebble and the porous landscape that guided me in these few paintings, which gave me the taste, the desire. Nothing else or almost anything motivated me; the small discoveries that I made afterwards, ("colors", shapes, ideas, even!) came out like the pigeons that our footsteps in the woods make fly.

leporello 1/20, 2019 (15 x 65)

14

J'aime rêver (dans mes peintures en ce moment) que les nuages du ciel sont les rochers gris et pesants de la forêt, et que les rochers qui percent entre les arbres sont aussi les nuages, en promenade dans la forêt. La forêt elle-même est un nuage d'arbres, rencontrant les airs bleus. Ce qui nous avait enclos et nous cernait -ronces, bois touffu, montagnes- s'interrompt ou se fait passage, ce qui nous ouvrait le chemin -chemin, trouée entre les arbres, ciels- se ferme un peu, ou s'égare. Ce qui est lourd est léger, et ce qui est impalpable écrase et déchire le monde de son poids; le vide disloque le plein, et le plein -des rochers, des arbres aux lourdes branches- s'effiloche dans le ciel. Tout y est parcouru d'un large vent. J'aime ces forêts suspendues dans un ciel léger.

Grand vertige, 2015 (Ø200) coll. privée

14

I like to dream (in my paintings at the moment: October 2014) that the clouds of the sky are the gray and heavy rocks of the forest, and that the rocks which pierce between the trees are also the clouds, on a walk in the forest. The forest itself is a cloud of trees, meeting the blue air. What had enclosed us and surrounded us - stretches, thick woods, mountains - is interrupted or made passage, which opened the way for us - path, gap between trees, skies - closes a little, or gets lost. What is heavy is light, and what is impalpable crushes and tears the world with its weight; the void dislocates the full, and the full - rocks, trees with heavy branches - unravel in the sky. Everything is swept by a broad wind. I love these forests suspended in a light sky.

posture chinoise, 2/10, 2022 (65x50)

13

Aiguisant leurs ronces et leurs ombres autour de moi – puisque je suis ce voyageur qui disparaît parfois entre du vert et du noir – les Tendres forêts me happent et m’engloutissent. Mais je me laisse avec plaisir tomber entre leurs griffes, sachant leur étendue infinie et leur solitude absolue ! Où vivre cet abandon ailleurs et mieux qu’en peinture ? Les aventures qui m’attendent sont l’apparition d’une cascade déchirant l’obscurité des arbres amoncelés, l’écroulement du feuillage d’un acacia géant où s’enroulent des grappes de fleurs enivrantes, le brusque envol d’un oiseau inconnu. Ces énigmes se referment sur mon passage, et je continue mon chemin en cette forêt chimérique où le silence revient.

Deuxième petit vertige, 2014 (Ø50)
"sans savoir où il allait, sans aucun endroit particulier à l'esprit, il marcha au milieu des arbres et s'éloigna." Michael Finkel, Stranger in the woods

vers la forêt en pensant à Christopher Knight, 2007 (50X50)

13

Sharpening their brambles and their shadows around me - since I am this traveler who sometimes disappears between green and black - the Tender forests catch me and engulf me. But I am happy to fall between their claws, knowing their infinite expanse and absolute their solitude! Where to live this abandonment elsewhere and better than in painting? The adventures that await me are the appearance of a waterfall tearing the darkness of the heaped up trees, the collapse of the foliage of a giant acacia where bunches of intoxicating flowers curl, the sudden flight of an unknown bird . These enigmas are closing in my way, and I continue my way in this chimeric forest where silence returns.

Papiers peints, 1/5, 2015 (50X100)

12

Certains peintres voient leurs tableaux avant de les commencer. Moi, je ne les découvre qu'après et je ne les comprends que parfois. Presque toujours ils me surprennent, c'est le plus grand plaisir qu'ils peuvent me faire. Tous m'apparaissent comme les morceaux épars d'un plus grand tableau dont j'essaierais de recoller les morceaux. Ce tableau c'est cette rêverie qui m'occupe, dont le visage est celui d'une forêt, et dont je n'ai exploré que quelques chemins. Il y a des gouffres, des lacs immobiles, des lointains obscurs sous les nuages, des ciels déchirés entre les branches tordues des chênes, des chemins sans fin, des voyageurs solitaires. Certains arbres sont des châteaux, beaucoup sont des montagnes, des vallées ensoleillées, d'autres parfois sont morts, tout blanchis au bout des mondes esseulés. Mais j'ai l'impression que je peins tout autre chose qu'une forêt: plutôt une aventure, faite de traits et de couleurs, une aventure sans fin. En peignant je me laisse ainsi doucement rêver. Des images montent à la surface du papier, venues de rêves oubliés. Parfois je rencontre un peintre chinois, en ballade autour de son ermitage, égaré dans un brouillard soudain, ou par un soleil trop vif. Avec ses mots magiques: Souffle, Vide, Encre (avec ou sans encre), il m'apprend un peu ce que peindre veut dire. Nous parlons un peu, je ne comprends rien, puis il s'éloigne, et je reste là au milieu de ma peinture. Et mon plaisir est de continuer, sans savoir où je vais.

Orphée, 2021 (30x65)

12

Some painters see their paintings before starting them. I only discover them afterwards and I only understand them sometimes. Almost always they surprise me, it is the greatest pleasure that it can give me. All of them appear to me like the scattered pieces of a larger painting whose pieces I would try to put back together. This painting is this reverie that occupies me, whose face is that of a forest, and of which I have only explored a few paths. There are chasms, still lakes, obscure distances under the clouds, skies torn between the twisted branches of oaks, endless paths, lonely travelers. Some trees are castles, many are mountains, sunny valleys, others are sometimes dead, all white at the end of lonely worlds. But I have the impression that I am painting something quite different from a forest: rather an adventure, made up of lines and colors, an endless adventure. By painting I thus gently let myself dream. Images rise to the surface of the paper, coming from forgotten dreams. Sometimes I meet a Chinese painter, walking around his hermitage, lost in a sudden fog, or by a sun that is too bright. With his magic words: Breath, Void, Ink (with or without ink), he teaches me a little what painting means. We talk a little, I don't understand anything, then he walks away, and I stay there in the middle of my painting. And my pleasure is to continue, without knowing where I am going.

11

Il y a longtemps que je peins des forêts. La première apparaissait derrière un rideau qui s'ouvrait, invitant à entrer. C'était en 1995. J'y suis entré, et n'en suis pas ressorti. Pour moi, une peinture doit ouvrir un espace où notre regard, puis notre esprit, puissent se jeter en entier. J'aimerais que mes forêts soient des gouffres. L'aspect formel qu'elles me permettent: profondeur spatiale, enchevêtrement, accumulation, perte des repères, enténèbrements, est peut-être finalement ce qui m'intéresse le plus. La forêt est peut-être pour moi davantage une forme de peinture qu'un sujet. J'aime les peintres philosophes chinois rêvant dans les brumes de leurs paysages, où l'on dit que l'un d' eux, Wu Tao Tzu, a disparu. Les mots et les images de ces penseurs des nuages alimentent ma rêverie: découvrir le Visible-Invisible sous l'ombre lente d'un nuage ou au détour d'un chemin qui n'est peut-être qu'un ruban de satin froissé par le vent.

posture chinoise 3/10, 2022 (65x50)

11

I have been painting forests for a long time. The first appeared behind an opening curtain, inviting entry. It was in 1995. I entered it, and did not come out. For me, a painting must open up a space where our gaze, then our mind, can be fully embraced. I wish my forests were sinkholes. The formal aspect that they allow me: spatial depth, entanglement, accumulation, loss of reference points, obscurity, is perhaps ultimately what interests me the most. The forest is perhaps for me more a form of painting than a subject. I love Chinese philosophical painters dreaming in the mists of their landscapes, where it is said that one of them, Wu Tao Tzu, has disappeared. The words and images of these cloud thinkers feed my reverie: discovering the Visible-Invisible under the slow shadow of a cloud or at the bend of a path which is perhaps only a satin ribbon crumpled by wind.

Paysage avec du jaune,1/5, 2017, coll. privée

Paysage avec du jaune,1/5, 2017, coll. privée

10

Il arrive souvent que des personnages passent dans mes images, leur donnant pendant un moment, celui où je m'y glisse pour les créer, la faculté de contenir un espace vivable, une atmosphère favorable à la respiration et au rêve, un lointain, une durée. Je me résous rarement à les y laisser, car s'ils ont apporté des pouvoirs à mes images, leur disparition donne à ces pouvoirs plus de force encore. Là où la présence d'un personnage m'a aidé à imaginer un cheminement possible, une faille entre les plans, un espace creusé dans le mélimélo des couleurs, et pourquoi pas, une histoire, je me plais à me dire que sa subsistance dans l'image une fois ces qualités apparues la limiterait, condamnerait ce chemin, cet espace à n'être que cela, un chemin, une histoire, un espace. Alors qu'il a disparu (supprimé d'un coup de pinceau qui le fait se fondre dans la couleur environnante, celle du chemin déserté ou dans les flous du feuillage mouvant), ce qu'il a apporté persiste dans l'image, avec plus de force encore, puisque nous voilà projetés à la place de ce personnage disparu: et c'est nous tout à coup sur le chemin, au cœur de la forêt immense!

Paysage avec du jaune, 2/5, 2017

Paysage avec du jaune, 2/5, 2017

10

It often happens that characters pass through my images, giving them for a moment, when I slip in to create them, the ability to contain a livable space, an atmosphere favorable to breathing and dreaming, a distance, a duration. I rarely resolve to leave them there, because if they have brought powers to my images, their disappearance gives these powers even more force. Where the presence of a character has helped me to imagine a possible path, a gap between the shots, a space dug into the mishmash of colors, and why not, a story, I like to tell myself that his subsistence in once these qualities have appeared, the image would limit it, condemn this path, this space to be just that, a path, a story, a space. While he has disappeared (deleted with a brushstroke that makes him blend into the surrounding color, that of the deserted path or in the blurs of the moving foliage), what he brought persists in the image, with even more strength, since we are thrown into the place of this disappeared character, suddenly on the path, in the heart of the immense forest!

Paysage avec du jaune, 3/5, 2017

Paysage avec du jaune, 3/5, 2017

9

Aussi, nombreuses sont mes images vides de personnages mais où il y a eu cette présence et où je crois qu'elle se laisse deviner. Et mes personnages, quand je les laisse, sont si petits qu' ils ont déjà presque disparu. Ils arrivent au tournant d'un chemin, s'approchent d'une chute d'eau ou d'une roche derrière lesquelles ils vont disparaître, dans quelques secondes, perdus dans l'infini du temps et de l'espace de la forêt.

9

Also, many are my images empty of characters but where there was this presence and where I think it can be guessed. And my characters, when I leave them, are so small that they have almost disappeared already. They arrive at the bend of a path, approach a waterfall or a rock behind which they will disappear, in a few seconds, lost however in the infinite time and space of the forest.

8

Un autre chinois m'a été précieux. Il s'appelait Paul. Il fut mon professeur, le seul en vérité, que je rencontrai dans cette école d'arts de la ville de Nantes que je fréquentais rêveusement à la toute fin des seventies: Paul Guimezanes. Je lui dois tant: ce qu'il m'a enseigné, et l'exigence qu'il m'a apprise. Lui aussi m'a montré ce que peindre veut dire, il est mon chinois, celui que j'ai rencontré, bienveillant et sévère, énigmatique et souriant, profond et lumineux, mais aussi très seul, et si courageux devant l'énorme tâche qu'il s'était donnée et la hauteur à laquelle il l'accomplissait...Jésus! il est mort dans ses bras, en l'an deux mille un, mais il me parle encore. Il n'y a guère de peinture à laquelle je travaille que je ne l'entende me dire ce qu'il en pense. Il m'empêche d'être facile, il me défend d'être difficile, il m'encourage quand je me décourage, il me pousse, moi qui paresse. Je ne me trouve pas ces qualités, mais je m'efforce d'y tendre, c'est suffisant pour moi; il est plus indulgent qu'avant.

8

Another Chinese was precious to me. His name was Paul. He was my teacher, the only one in truth, whom I met in this art school in the city of Nantes that I dreamed of attending at the very end of the seventies: Paul Guimezanes. I owe him so much: what he taught me, and the requirement he taught me. He also showed me what painting means, he is my Chinese, the one I met, benevolent and severe, enigmatic and smiling, deep and luminous, but also very alone, and so courageous in front of the enormous task that 'he had given himself and the height to which he fulfilled it ... Jesus! he died in his arms in the year two thousand and one, but he still speaks to me. There is hardly a painting I work on that I don't hear him tell me what he thinks about it. He prevents me from being easy, he forbids me to be difficult, he encourages me when I am discouraged, he pushes me, me who is lazy. I do not find these qualities, but I try to reach for them, it is enough for me; he is more forgiving than before.

En Barque vers la forêt, 2009, coll. privée

7

Approche naïve de la peinture chinoise: Evidemment, le visible n'est pas tout. Ce qui est tout, c'est le Visible-Invisible, et le peintre chinois le connait bien. Pour nous le" montrer" il garde dans son image des zones non peintes, mais qui restent animées par le Souffle. Ces espaces, qui ne sont pas que des surfaces, mais aussi des temps, sont parfois des zones dérobées au regard par des nuages, des brouillards blancs, parfois des zones laissées vides comme par une inattention de l’œil mais ressenties par l'intuition de leur connaissance. Par ces différents passages l'invisible se coule un chemin, investit la vision. Dans ces nuages l'invisible se révèle. Là où le rocher, la montagne, la forêt disparaissent, l'écho de ce qu'ils sont ailleurs dans l'image se fait entendre, revêt son exacte forme, prend son exacte place...et puis, notre rêverie les invente car finalement cet invisible est en nous. Et l'image se fait en nous, à partir de la peinture et avec ce qu'elle nous laisse entendre: c'est alors peut-être que nous rencontrons le Visible-Invisible, dont chacun des termes provient de l'autre dans un aller-retour sans fin, comme sans fin sont ces images infiniment suspendues dans l'immédiat. Dans mes peintures je n'utilise pas les brouillards chinois. Peut-être que mes nuages sont des trous d'ombre sans fond, des miroitements colorés qui empêchent la profondeur ici ou là, des signes, des croix, des ratures qui ferment ou qui trouent la surface, ou la disparition du chemin dans l'épaisseur végétale, ce chemin ruban qui est l'aventure du voyageur et celle de l'œil. Peignant, je ne pense pas aux peintres chinois, et j'oublie même un peu tout sauf le bout de mon pinceau...y penser ne serait qu'un exercice, inutile et fatiguant, nocif sans doute, car chinois ne suis pas, mais ce qui se peut c'est qu'à force de rêver à eux, un écho lointain de leurs paroles et de leurs images se fasse entendre très bas en moi quand je peins, comme j'entends aussi dans mes ciels, gronder un peu les nuages de Constable!

posture chinoise, 1/10, 2022 65x50

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Naive approach to Chinese painting: Obviously, the visible is not everything. What is all is the Visible-Invisible, and the Chinese painter knows it well. To "show" him to us, he keeps unpainted areas in his image, but which remain animated by the Breath. These spaces, which are not only surfaces, but also times, are sometimes areas hidden from view by clouds, white mists, sometimes areas left empty as if by an inattention of the eye but felt by intuition. of their knowledge. Through these different passages the invisible flows a path, invests the vision. In these clouds the invisible is revealed. Where the rock, the mountain, the forest disappear, the echo of what they are elsewhere in the image is heard, takes its exact form, takes its exact place ... and then, our reverie invents them because finally this invisible is in us. And the image is made in us, from the painting and with what it lets us understand: it is then perhaps that we encounter the Visible-Invisible, each of the terms of which comes from the other in a endless round trip, as endless are these images infinitely suspended in the immediate. In my paintings I don't use Chinese mists. Maybe my clouds are bottomless shadow holes, colored shimmers that prevent depth here or there, signs, crosses, erasures that close or puncture the surface, or the disappearance of the path in the plant thickness, this ribbon path which is the adventure of the traveler and that of the eye.Painting, I don't think of Chinese painters, and I even forget everything except the tip of my brush ... to think about it would only be an exercise, useless and tiring, no doubt harmful, because Chinese I am not. .. but what can be is that by dint of dreaming of them, a distant echo of their words and their images is heard very low in me when I paint, as I also hear in my skies , scold the Constable clouds a little!

" J'ouvre les fenêtres et laisse entrer les montagnes" , 2016 (150)

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J'ai toujours regardé les bois lointains avec envie, j'ai toujours désiré d'entrer dans les forêts inconnues, et j'ai appris leurs noms comme ceux de mondes précieux, car toute forêt m'a toujours paru renfermer un secret, détenu par chaque feuille, chaque branche tordue, chaque fourmi en voyage sur l'écorce grise du hêtre. Les simples bois me semblent parfois plus mystérieux que les vastes forêts, j'aime aussi les forêts des contes et des romans, et j'ai toujours mis beaucoup d'arbres, de branches et de feuillages de toutes espèces dans mes peintures et mes dessins.

6

I have always looked at the distant woods with envy, I have always desired to enter unknown forests, and I have learned their names like those of precious worlds, for every forest has always seemed to me to contain a secret, detained by each leaf, each twisted branch, each ant traveling on the gray bark of the beech. The simple woods sometimes seem to me more mysterious than the vast forests, I also like the forests of tales and novels, and I have always put a lot of trees, branches and foliage of all kinds in my paintings and my drawings.

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"j'ai oublié le chemin par où je suis venu", (Ø100)

5

Autres forêts de mon enfance, le Bois Mocqua, au nom mystérieux et peut-être aujourd'hui disparu lui aussi, n'existant plus que dans quelques mémoires, la Forêt de La Sainte Gemme, aux broussailles incertaines mais riches de jonquilles ou encore l'inaccessible Bois de La Folie, plus au nord, loin dans le bocage vendéen. Du haut d'une colline où nous sommes allés quelques fois en famille, mon père nous le montrait tapi sur la motte verte d'une colline voisine, dominant les alentours. Des corbeaux l'habitaient. Parfois l'un d'eux se détachait des cimes noires, franchissait magiquement en quelques coups d'aile l'espace bleu pâle qui nous en séparait pour venir écrire au-dessus de nous une arabesque indéchiffrable puis repartait et je l'accompagnais en rêve jusqu'à ces arbres dont nous ne nous sommes jamais approchés, de peur sans doute d'en faire cesser la merveilleuse fantaisie.

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Other forests of my childhood, the Bois Mocqua, with a mysterious name and perhaps today also disappeared, only existing in a few memories, the Forest of La Sainte Gemme, with uncertain scrub but rich in daffodils or even the 'inaccessible Bois de La Folie, further north, far in the Vendée countryside. From the top of a hill where we went a few times as a family, my father would show it to us crouching on the green mound of a nearby hill, overlooking the surroundings. Crows inhabited it. Sometimes one of them stood out from the black peaks, magically crossed in a few wing strokes the pale blue space that separated us to come and write an indecipherable arabesque above us, then set off again and I accompanied him in a dream up to these trees which we have never approached, no doubt for fear of putting an end to their marvelous fantasy.

Le Voyage éternel, 2013, (50X250) coll. privée

4

De nombreuses forêts ont occupé mon enfance. Parfois nostalgique, j'aime m'en souvenir. La plus précieuse a disparu. C'était une forêt de papier. Elle encadrait la scène du théâtre de Luçon où nous allions avec mes parents, mes trois sœurs et mon frère pour le prestigieux concert nocturne de la "Philharmonie Municipale". Forêt en plusieurs strates verticales, aux troncs d'arbres souples et au feuillage vert pâle presque doré, qu'évoque bien pour moi le mot frondaison, et que j'aime voir réapparaître parfois dans mes images. Ces décors inventaient à peu de moyens une forêt merveilleusement douce et paisible, faite pour le bonheur des musiciens. Tout cela me semblait comme un rêve dans un rêve, car je n'oubliais pas que la salle où s'ouvrait cette clairière merveilleuse offerte à la musique, se trouvait elle-même au cœur d'un parc que j'imaginais noyé au même instant dans l'obscurité, parc qui me paraissait - me paraît toujours - extrêmement étrange et pour ainsi dire enchanté: le Jardin Dumaine, forêt de poche aux allées silencieuses, parfumée de laurier et des moineaux plein les haies.

"La sente étroite du bout du monde" ( Bashô), 2/20; (2024) 80x50, détail

4

Many forests occupied my childhood. Sometimes nostalgic, I like to remember it. The most precious has disappeared. It was a forest of paper. She framed the stage of the Luçon theater where we went with my parents, my three sisters and my brother for the prestigious night concert of the "Municipal Philharmonic". Forest in several vertical strata, with supple tree trunks and pale almost golden green foliage, which the word foliage evokes for me and which I like to see reappear sometimes in my images. These decorations invented with little means a wonderfully soft and peaceful forest, made for the happiness of the musicians. All this seemed to me like a dream in a dream, because I did not forget that the room where this wonderful clearing opened up to music, was itself in the heart of a park that I imagined drowned in the same instant in the darkness, a park which seemed to me - still seems to me - extremely strange and, so to speak, enchanted: the Jardin Dumaine, a pocket forest with silent paths, scented with laurel and sparrows in the hedges.

sans titre, 2010 (75X75)

3

C'est dans ce vaporeux mélange d'émotion et de rêverie, et presque parmi ces bois évocateurs auxquels s'ajoutait la puissance onirique de la musique, qu'ont dû m'apparaître la magie de la peinture et le plaisir que j' aurais si je m'en emparais un peu.

3 pages de "Petit parc", 2020 (livret, 15x21)

3

It is in this vaporous mixture of emotion and reverie, and almost among these evocative woods to which the dreamlike power of music was added, that the magic of painting and the pleasure that I would have appeared to me. if I took hold of it a little.

2

Ces souvenirs doux n'auraient pu s'installer si confortablement dans ma mémoire si mon enfance n'avait baigné dans ce climat d'amour que nous avions pour nos parents et de douce confiance en eux. Maintenant que j'en suis plus conscient, j'ai le bonheur de m'en rappeler les parfums et de deviner le rapport entre ces sensations anciennes et certains de mes domaines intérieurs qui portent leur empreinte...

romance, 2017

2

These sweet memories could not have settled so comfortably in my memory if my childhood had not bathed in this climate of love that we had for our parents and of sweet confidence in them. Now that I am more aware of it, I am fortunate enough to remember the scents and to guess the relationship between these ancient sensations and some of my inner areas that bear their imprint.

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Mes forêts de peinture sont l'un de ces domaines. Elles s'étendent loin et leurs chemins n'ont pas de fin. J'aime voir sous leurs arbres de lourds oiseaux blancs, les jeux du vent et du soleil sur les vagues de leur feuillage et des nuages blancs et bleus dans leurs ciels. Les ombres courent sur les cimes, les peupliers souples sont des signaux, tours noires où le lointain commence, et ses promesses d'inconnu. Des chemins nous y mèneront, que des pies et des oiseaux anciens traversent en raccourcis onduleux; l'ombre sous le feuillage luisant protège le passage ou le repos d'un voyageur. Puis, minuscule comme l'un de ces chinois dans "Contemplant la lune", "Se promenant avec un bâton" ou "Parlant sous les bananiers", adorables et lentes images de Tchéou Tch'en, Chen Tchéou, Tchang fen, il disparaît sur le chemin qui serpente.

1

My painting forests are one of those areas. They stretch far and their paths have no end. I like to see heavy white birds under their trees, the play of wind and sun on the waves of their foliage and white and blue clouds in their skies. Shadows run over the peaks, soft poplars are signals, black towers where the distance begins, and its promises of the unknown. Paths will lead us there, which magpies and ancient birds cross in undulating shortcuts; the shade under the shining foliage protects the passage or the rest of a traveler ... Then, tiny like one of these Chinese in "Contemplating the moon", "Walking with a stick" or "Speaking under the banana trees ", adorable and slow images of Tchéou Tch'en, Chen Tchéou, Tchang fen, he disappears on the winding path.

l'atelier

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EXPOSITIONS

.Temple du Goût, Nantes 2000: "forêts"
.Espace Ecureuil, Nantes 2007: "dernières forêts"
.Espace Ecureuil, Nantes 2010: "A la Recherche du visible-invisible"
.Galerie Arts Pluriels, Nantes 2012: "deux grandes forêts"
.Espace Ecureuil, Nantes 2014: "tendres forêts"
.Galerie le Café des Négociants: participation à l'exposition collective de "la Nuit des Galeries" avril 2016
.Galerie Pascal Delvigne, Pornichet août 2016:"Trois grands vertiges et autres ramures", voir vidéo ci-dessous.oi
.Galerie Le Café des Négociants, Rezé, nov. 2017: exposition collective "Profondeurs en surface "
.Galerie Le Café des Négociants, Rezé, décembre 2017: exposition collective "Ambiance"
.Les Arts Papier 2018, par Arteva, Nantes, novembre 2018: "retour et suite"
.Arteva, Manufacture des Tabacs, Nantes, mars 2019:"Sans fil conducteur"
.Les Arts Papier 2023, par Arteva, Nantes, avril 2023.

Pascal Delvigne dans sa galerie de Pornichet, août 2016

PUBLICATIONS

.Adriana song, Gallimard/Futuropolis,1990
.Rêveurs de grève, par Claire Lecorbeiller, éditions Ouest France, 2002
.Revue en ligne Artkopel http://www.artkopel.com, 2018

QUELQUES LIENS VERS DES OEUVRES QUE J'AIME

QUELQUES LIENS VERS DES OEUVRES QUE J'AIME
l'atelier d'un merveilleux peintre: Gérard Rigot!

Raphaëlismes: photographie, vidéo, créations lumineuses, cinéma!

les "personnages-fleurs, animaux polymorphes et insectes-danseurs" de Siegfried Raisner

Les floraisons animales et végétales d'Hélène Delporte, dans son nouveau et très beau site!
D'autres forêts à cette adresse: http://www.renke.fr/
et les belles photos de Karen Lavot
...
et dans les pages de la revue: http://www.artkopel.com/
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"Dans le calme de la contemplation le dragon venimeux se laisse apprivoiser" / "In the calm of contemplation the venomous dragon allows itself to be tamed" Wang Wei septembre 2022(Ø 50)